Le débat public actuel à Amiens donne une forte résonance aux problématiques de
stationnement et de place de la voiture en ville. A l’opposé de cette position, Véloxygène
considère que la ville durable doit faire une place prioritaire aux mobilités douces (marche et vélo). Les travaux actuels, par leur ampleur, engagent notre ville à long-terme : vers une redéfinition large de l’espace en faveur de la marche, des vélos et du bus ou bien un coûteuxpartage marginal préservant la mobilité automobile ?
Travaux du BHNS : une chance pour créer un réseau vélo à haut niveau de service
Une absence de prise en compte des observations émises par Véloxygène aux différentes étapes de la concertation sur le BHNS.
De la concertation préalable en septembre 2015 sur « Ametis 2.0 » à l’enquête publique, nous avons produit 3 contributions sur la place du vélo dans le projet de BHNS, en souhaitant que les travaux de voirie réalisés sur les grands axes amiénois permettent la création embarquée d’un réseau vélo structurant. La présentation détaillée des plans des aménagements prévus lors des comités techniques spécifiques a été aussi l’occasion de préciser nos positions, satisfecit comme désaccords. Nous avons ainsi souligné les points positifs du projet (partage de l’espace au niveau des boulevards sud ou de la pénétrante nord jusqu’à la place Vogel), tenté d’améliorer les aménagements au rendu plus mitigé (axe port d’amont – port d’aval, carrefours des boulevards intérieurs). Surtout, nos remarques ont mis en lumières deux points noirs extrêmement problématiques : les axes majeurs Vogel-Branly et de la chaussée Jules Ferry seraient privés d’aménagements cyclables.
Un recours gracieux, envoyé début septembre 2017 et reprenant ces positions, s’est vu opposé un même refus d’intégration d’aménagements cyclables sur ces deux axes.
Au-delà d’un projet de bus à haut niveau de service, un réaménagement important de la voirie qui engage à long terme le territoire et ses habitants.
Les récentes Assises de la Mobilité ont consacré le vélo comme solution majeure des politiques de mobilités durables et de santé publique. Dans le même temps, les premiers résultats de l’enquête nationale de la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette, à laquelle adhère Véloxygène) montrent une forte demande des cyclistes d’aujourd’hui et de demain pour des infrastructures cyclables sûres et confortables.
Selon la Métropole, le traitement de ces deux axes cruciaux (Vogel-Branly et Jules Ferry) en zone 30 est à même d’assurer un cheminement aisé pour les cyclistes. Nous refusons cette position, contraire aux recommandations du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, établissement public de soutien aux politiques publiques), et demandons la réalisation de pistes cyclables latérales, en cohérence avec les trafics importants constatés (25 000 véhicules/jour sur Vogel-Branly, 15 000 véhicules/jours sur la chaussée Jules Ferry). La dernière enquête annuelle réalisée par l’assureur AXA montre de plus qu’une grande majorité des conducteurs de la région des Hauts-de-France ne respecte pas la limitation de vitesse des zones 30 (76% y roulent entre 40 et 50 km/h). La hiérarchie du réseau de voirie sera ainsi difficilement perceptible, puisque les voies secondaires desservant les quartiers voisins, en milieu très résidentiel ou en centre-ville, resteront elles limitées à 50 km/h.
Le dossier de l’enquête publique affichait un temps d’amortissement des infrastructures et voiries de 50 ans. Evitons des travaux complémentaires (et coûteux pour les finances publiques amiénoises !) d’intégration satisfaisante du vélo dans 3, 5 ou 10 ans, modifions dès maintenant le projet !
Faire rimer BHNS avec VHNS : il est encore temps d’avancer vers un réseau vélo à haut niveau de service !
Des alternatives existent combinant aménagements cyclables qualitatifs, larges trottoirs et stationnement automobile.
Sur l’axe Vogel-Branly, le projet prévoit un stationnement automobile dispersé sur les deux côtés de l’ensemble de l’axe. Mieux positionner ces places de stationnement automobile, en en gardant le même nombre, mais en les situant uniquement, alternativement, à l’ouest ou à l’est de la chaussée suivant les tronçons permettrait un gain en largeur significatif, suffisant pour réaliser des pistes cyclables latérales. Un accès aisé aux Halles en vélo serait sans nul doute bénéfique aux commerces de la galerie et de la halle au frais !
Sur la chaussée Jules Ferry, le projet prévoit de garder deux rangées de stationnement automobile en épi de chaque côté de la chaussée. Passer ces espaces de stationnement en bandes longitudinales permettrait un gain de 4 mètres largeur, de quoi réaliser 2 pistes cyclables de qualités. La perte en stationnement serait faible, de l’ordre de 20%, et les riverains n’auraient pas de problème pour garer leur véhicule puisque les enquêtes réalisées sur cet axe avant les travaux montrent un taux moyen d’occupation des espaces de stationnement compris entre 65 et 70%.
Sur les autres axes impactés par les travaux, le choix privilégié par la Métropole est celui d’une circulation des vélos sur des espaces partagés avec les piétons (« voie verte »). Il diffère du modèle hollandais et des nombreuses agglomérations françaises qui privilégient actuellement la séparation des flux et la réalisation de pistes cyclables sur les principaux axes de circulation. Pour que le partage de l’espace lié à ce choix d’aménagement permette un développement de la mobilité à vélo, il est important d’accorder une attention particulière à l’intégration et la sécurisation des itinéraires cyclables au niveau des carrefours : Véloxygène est prêt à y travailler en concertation avec les pouvoirs publics.
Les travaux sur certains axes n’ayant pas encore commencé, notre appel sonne comme une dernière alerte aux décideurs amiénois : il est encore temps de respecter la loi et d’intégrer des aménagements cyclables de qualité, en phase avec les enjeux de mobilité durable de notre siècle !
Piétons et cyclistes : une chance pour le commerce de proximité
Avis aux commerçants amiénois : moins de voitures = plus de clients ! Sur un espace donné, il circule beaucoup plus de piétons, de cyclistes ou d’usagers des transports publics que d’automobilistes. Le graphique suivant montre le débit maximum des espaces de circulation, selon les modes de déplacement, pour une bande de circulation de 3,50 m de large (en personne par heure).
Les piétons et cyclistes sont les meilleurs alliés des commerces de centre-ville, des faubourgs et de banlieue.
Les piétons et cyclistes sont les meilleurs alliés des commerces de centre-
ville, des faubourgs et de banlieue. Ils reviennent plus souvent, et dépensent au final davantage dans les commerces de proximité que les automobilistes.